Casita de Barro | Campesino
Et… maestra Ina, qu’avez-vous dans votre jardin aujourd’hui ? » Je suis assise à la table de la fête d’anniversaire de Don Manuel, le père des musiciens mariachi du village. Don Manuel me présente à ses amis de Puebla. Il leur parle des jardins potagers de la Casita de Barro et leur explique comment je creuse des puits avec des étudiants de Puebla, même en plein soleil.
Cette admiration dans sa voix me fait du bien. Je prends la balle au bond et je leur parle de haricots verts, de radis et de tomates et leur fais comprendre à quel point il est agréable de voir le résultat de ce dur labeur. Il y a quelques jours, j’ai reçu la visite d’un paysan, un jeune homme qui cultive 15 hectares de terre à Tecuanipan, et notamment des arbres fruitiers. De loin, il voit mes trois ares de haricots et me dit : « Vos haricots ont besoin de sulfate ! Ils sont malades. Ils sont attaqués par les aleurodes, mieux connus sous le nom de mouches blanches ». Il me montre la substance collante sur les feuilles et les taches noires sur les haricots. « Écoutez, Doña Ina, vous ne pouvez plus vendre ces haricots sur le marché. En plus, ils ne sont même pas assez longs ». En deux temps, trois mouvements, il cueille une poignée de haricots et me montre les astuces du métier : un haricot à vendre sur le marché doit être assez long, sans fèves et surtout sans taches noires. Donc, aucun de mes plants de haricot ne convient, conclusje un peu découragée.
Et lui de ricaner : « Tout le monde pense que c’est facile de cultiver. Mais si vous voulez vivre des champs, vous devez être capable de tenir compte de tant de facteurs que donner à vos légumes la bonne taille et la bonne couleur est finalement tout un art. Des pluies trop abondantes ou au contraire insuffisantes, une récolte trop hâtive ou au contraire trop tardive… tout a une
influence sur le prix ! »
Je reste silencieuse et je me dis qu’en tant que consommateurs, il est temps de nous intéresser aux procédés de production bio et d’apprendre à respecter les connaissances etle dur labeur des agriculteurs. On mange trois à cinq fois par jour et le fonctionnement physique et mental de notre organisme dépend directement de la nourriture que nous lui donnons. Non, le lait ne
vient pas des briques et non, les guimauves n’existent pas dans la nature.
J’invite le consommateur à cultiver quelques carottes dans sa cour avant, entre les plantes ornementales. Nourrissezles, arrosez-les et éloignez les prédateurs. Attendez patiemment et récoltez. Regardez la récolte avec le même regard critique qu’au magasin. Mettez de côté les petites carottes malformées. Je peux vous assurer que seule une très petite partie de votre production répondra aux normes élevées du marché et pourtant, une carotte du magasin n’aura jamais un goût aussi sucré qu’une carotte de votre jardin que vous grignoterez avec respect jusqu’au bout, y compris la verdure amère.
Avec la coopérative SanJe qui commercialise mes produits de marque « Semilla5 », nous travaillons à la consolidation de la relation entre le producteur (rural) et le consommateur (urbain). Nous garantissons au consommateur un produit local et naturel. Nous recherchons un prix juste et une motivation pour que le producteur revalorise les produits de la région et abandonne l’utilisation excessive d’engrais chimique.
C’est aussi autour de ce type de thèmes et d’expériences que nous travaillons avec les écoles de Cholula et de Puebla. De plus en plus, la Casita de Barro se trouve sous les feux des projecteurs pour l’organisation d’ateliers expérimentaux avec des étudiants.
Soutenez les projets de la Casita de Barro. Nous pensons que les techniques écologiques telles que l’agriculture biologique sont essentielles à la réduction de la pauvreté et à la justice sociale.
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