La réserve naturelle du marais de Sampont
La réserve naturelle du marais de Sampont abrite un des milieux les plus rares de Wallonie : les tourbières alcalines. Découvrez plus sur cette magnifique réserve naturelle de chez nous !
Un marais situé en fond de vallée
Le bas-marais alcalin est un marais situé en fond de vallée, en général au niveau de la nappe phréatique. À Sampont, la nappe affleure.
Alcalin, c’est l’inverse d’acide. L’alcalinité du milieu s’explique facilement en regardant de l’autre côté de la nationale Arlon-Florenville qui longe la réserve. Une vaste carrière de pierres jaunes du pays y ronge en effet une belle colline de grès calcaire. L’eau traverse donc ces roches et se charge de calcium au passage avant de rejoindre la réserve. À un point tel, en fait, que des concrétions calcaires sont visibles sur les plantes stagnant en surface.
Cela a évidemment une influence énorme sur la flore présente. On retrouve ainsi à Sampont des plantes extrêmement rares, comme le troscart des marais ou la parnassie des marais, qui font accourir les botanistes. D’autres merveilles comme l’épipactis des marais ou l’orchis incarnat colorent les lieux à la belle saison.
Il est amusant de regarder les cartes de répartition de ces espèces : on les trouve dans la quinzaine d’hectares de bas-marais alcalins qui ponctuent la Haute-Semois (Sampont, Fouches, Heinsch, Vance…).
Le changement du biotope
Au fil des ans, les couches de végétation s’empilent les unes au-dessus des autres, et la flore finit par ne plus toucher la nappe. Lorsque cette étape est atteinte, la composition floristique change, l’apport en eau ne provient plus du sol, mais des précipitations. L’on ne parle plus de tourbière alcaline mais acide, car l’eau qui alimente cette végétation n’est plus la même.
À Sampont, par exemple, il est intéressant d’observer à ras du sol. Dans les milieux bien dégagés, les mousses et les laîches composent le gros de la troupe, mais par endroits apparaissent des plaques de sphaignes.
Le biotope change et entraîne le changement de la biocénose (ensemble des êtres vivants d’un milieu).
La préservation des tourbières alcalines
Descendre dans le marais de Sampont permet également de comprendre l’histoire de la région depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. L’exode rural et les transformations de l’agriculture ont peu à peu conduit à l’abandon des pratiques agropastorales traditionnelles. Adieu les prés à litière, bonjour le creusement du nouveau cours de la Semois pour drainer les marais. En quelques décennies, la plupart de ces milieux exceptionnels ont ainsi disparu.
Les dernières populations des espèces les plus rares étant miraculeusement sauvées par quelques gestionnaires de la première heure revenant boucher les drains puis faucher les zones les plus intéressantes à leurs moments perdus.
Ainsi, d’Arlon à Étalle, la quasitotalité des marais de la Haute-Semois a été drainée, plantée, ou tout simplement abandonnée à un reboisement spontané facilité par l’assèchement. Les drains ont été bouchés mais il subsiste de cette époque, à Sampont, de superbes aulnaies et boulaies tourbeuses qui s’étendent sur plusieurs hectares, terrain de jeu de belles troupes de tarins des aulnes, notamment.
Comment Natagora peut-il aider ?
Natagora s’attache, sur les 47 hectares formés par la réserve, à préserver ces tourbières alcalines en déboisant et fauchant tous les ans pour revenir au niveau de la nappe, mimant ainsi les gestes ancestraux de nos ancêtres.
Ce faisant, nous agrandissons tant bien que mal ces milieux si rares. Et nous permettons aux espèces qui ne vivent que dans ces milieux d’avoir un espace suffisant pour que le brassage des gênes permettent la survie des populations sans dégénérescence.
En savoir plus ?
Vous pouvez lire l’article complet dans Jardins & Loisirs, édition 1 2021.
Texte : Benjamin Legrain