Le martinet noir passe sa vie entière dans les airs

Oiseau migrateur, le martinet noir est indissociable des chaudes journées et soirées d’été. On le voit évoluer en escadrille avec une agilité et à une vitesse exceptionnelle dans le ciel bleu azur. Son cri, à deux tons, est reconnaissable entre tous.

Ne confendons pas le martinet et les différentes espèces d’hirondelles. Chacun connaît l’hirondelle de cheminée (plumage bleu, gorge rouge, et longue queue en forme d’aronde) qui niche dans les granges, les écuries et les étables. L’hirondelle de cheminée, quant à elle, a un plumage bleu, avec une tache blanche au croupion et confectionne son nid fermé sous une gouttière ou une corniche. Une troisième espèce, l’hirondelle de rivage (plumage brun), niche dans les berges sablonneuses des cours d’eau. Le martinet est entièrement noir, avec une petite tache blanche sous la gorge. Sa silhouette s’apparente à celle des hirondelles, à cette différence près qu’elle a des ailes très élancées en forme de faucille et une fragile petite queue en V.

A la vitesse de l’éclair
Le martinet se distingue des hirondelles par son comportement. Ces dernières volent le plus souvent à ras de terre, à hauteur des toits, bref à faible altitude. Le martinet, pour sa part, déploie un viol beaucoup plus acrobatique, en altitude et à des vitesses pouvant atteindre, voire dépasser, 150 km/h. En plein été, on voit les vols de martinets, comme des escadrilles d’avions en piqué, filer dans les airs, plonger comme dans un canyon. Le soir, les martinets remontent en altitude, au-dessus des centres urbains et des vieilles villes. Ils suivent ainsi les nuées d’insectes, que l’inversion thermique fait remonter. On entend alors les cris caractéristiques des martinets haut dans le ciel. En ville, le cri du martinet est aussi caractéristique que le gazouillis des moineaux ou la musique un peu criarde du rougequeue noir.

Une grande particularité du martinet noir: il ne se pose jamais à terre. La cause: ses pattes sont trop courtes et ses ailes trop longues pour qu’il puisse reprendre son envol. Si vous trouvez un martinet au sol, ramassez-le et lancez-le en l’air. S’il est en bonne santé, il s’envolera sans problème. Dans le cas contraire, amenez le pauvre oiseau dans un centre de revalidation. Comme il ne dort ni sur les fils téléphoniques, ni sur les câbles électriques, ni sur les corniches, le martinet se repose en volant en groupe de manière circulaire en recherchant les zones d’inversion de température. Bref, lorsqu’il ne couve pas, le martinet noir passe 24 h sur 24 heures dans les airs.

Lire la suite de l’article dans le numéro de mai.

Le martinet noir pond et niche dans l’un ou l’autre orifice dans une toiture ou dans un mur. Avec une agilité extrême, le martinet, en plein vol, rentre directement, à une vitesse incroyable, dans l’anfractuosité qu’il a choisie comme lieu de nidification. Parfois, le mâle fait du sur-place, en attendant que la femelle ait nourri les insatiables petits.

Un temps humide et froid provoque une forte diminution des populations d’insectes. Les jeunes martinets entrent alors dans une sorte d’hibernation. Pendant les périodes de pluie prolongées, les adultes n’hésitent pas à parcourir des centaines de kilomètres pour retrouver le beau temps et donc les insectes et reviennent chez nous lorsque le beau temps est revenu.

Aidez-les
Au même titre que les hirondelles, les populations du martinet noir régressent. Les raisons de leur raréfaction sont connues: les travaux d’isolation des toits, la rénovation des anciens bâtiments, la restauration des monuments décrépis. Toutes ces interventions, qui ont bien sûr leur légitimité, ont comme revers de la médaille de condamner inéluctablement de nombreux sites de nidification. Fort heureusement, il existe un solution simple: la suspension de nichoirs spéciaux pour le martinet noir aux corniches ou la fixation de nichoirs en béton. Les pouvoirs publics peuvent d’ailleurs aider au retour du martinet noir en obligeant l’installation d’équipements favorisant la nidification le long des églises, des édifices historiques, des ponts. Le coût de revient par nichoir n’est que de quelques euros. Mais pour le martinet noir, c’est une question de survie.

 

Soyez donc attentif dès la mi-mai. Vous aurez peut-être la chance d’entendre – avant de le voir – le premier martinet noir de la saison. Profitez-en, car dès la fin août notre oiseau reprend sa migration vers le sud.

 

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