Les couleurs fauves du chêne

Parmi toutes les essences d’arbres de nos contrées, c’est sans conteste le chêne – ou plutôt les chênes – qui incarne le mieux la forêt. Une ode au plus majestueux de nos arbres.

Au total, on recense quelque 500 espèces de chênes, répartis dans tout l’hémisphère nord, des zones froides les plus septentrionales jusqu’aux régions tropicales, en passant par nos régions tempérées. Lorsqu’on y ajoute les formes cultivées, le choix devient immense. Nous nous limiterons ici au chêne pédonculé (Quercus robur), une des deux espèces indigènes que compte notre pays, la seconde étant le chêne rouvre ou sessile (Quercus petraea), beaucoup moins répandu à l’état sauvage.

Café de glands
Le chêne pédonculé se rencontre partout dans notre pays, à l’exception des polders. On le rencontre, comme arbre d’alignement, le long des chaussées, dans les forêts feuillues et mixtes, dans les parcs et les grands jardins. Doté d’une longévité légendaire (500 à 700 ans en moyenne, avec des exemples de sujets de 1.200 ans), le chêne pédonculé s’illustre par son son grand houppier qui sert d’abri et de ressource alimentaire à divers animaux. On connaît par exemple l’attrait qu’exercent les glands sur les pigeons ramiers et les sangliers. Les plus anciens d’entre nous se souviennent peut-être du récit de leurs parents qui, pendant la guerre, devaient se contenter d’un ersatz de café, contenant des glands torréfies notamment.

Lire la suite de l’article dans le numéro de novembre.

Les feuilles du chêne pédonculé sont courtement pétiolées, plus ou moins profondément lobées, munies de deux oreillettes arrondies à la base. De vert en été, le feuillage se pare de teintes fauves à l’automne, donnant ainsi aux hautes futaies toute leur splendeur automnale. Quant aux couleurs plus vives et rouges, elles proviennent d’espèces introduites, par exemple le chêne d’Amérique, Q. rubra. Les espèces indigènes ont un feuillage automnal plus discret et neutre (le jaune pâle du bouleau ou le brun sombre du hêtre) que les espèces exotiques, souvent plus bariolées.

Les plus beaux chênes sont de très vieux sujets solitaires, parfois multiséculaires. On en trouve notamment en Angleterre, mais également chez nous, par exemple à Liernu (province de Namur) ou encore à Lummen (province du Limbourg). Si votre jardin est suffisamment vaste, plantez un gland et attendez qu’il pousse, tout simplement. Après des années, il commencera à produire des glands. Les bonnes années, les glandées peuvent se révéler pléthoriques. Pour autant, cela ne se traduira pas par l’apparition d’innombrables semis naturels au pied de l’arbre. (Il s’agit là d’un autre aspect du sujet sur lequel nous reviendrons sans doute dans une autre contribution).

En raison de sa majesté et de sa longévité, le chêne pédonculé fait l’objet d’innombrables mythes et légendes.

Semis naturels ou issus d’une pépinière
Le chêne pédonculé est un arbre vigoureux (l’adjectif latin robur signifie d’ailleurs robuste, puissant) qui résiste aux tempêtes automnales et hivernales les plus violentes. Cette résistance, il la doit à ses racines pivotantes qui s’enfoncent profondément dans le sol, dans l’axe du tronc. Pour se rendre compte de son enracinement, il suffit de vérifier: essayez donc de déraciner un semis naturel de deux ou trois ans, vous verrez comme il est solidement ancré. La solution trouvée par les pépiniéristes pour déplanter les sujets consiste à couper tous les deux ans environ la racine principale pivotante. Cette opération a pour effet de favoriser la développement des racines latérales, mais a comme inconvénient de fragiliser l’arbre. Bref, les semis naturels de chêne pédonculé sont beaucoup plus résistants aux vents que les exemplaires provenant d’une pépinière. Et cela se vérifie sur le terrain! Pour votre jardin, il est donc préférable de planter un gland de chêne pédonculé. Pour des cultivars, par contre, il faudra s’adresser à un pépiniériste.

Qu’est-ce qu’une plante indigène?
Une plante indigène est une plante que se maintient spontanément en place dans nos contrées. Il ne s’agit donc pas d’une espèce qui n’existe que chez nous en Belgique. Dans notre pays, on ne recense qu’une seule plante endémique, à savoir la joubarbe d’Aywaille ou Sempervivum funckii var. aqualiense. L’aire de répartition du chêne pédonculé est très vaste puisqu’elle s’étend de la partie la plus septentrionale de l’Europe à l’Afrique du Nord et à l’Asie occidentale. Quant à la question des plantes autochtones, nous l’évoquerons dans une autre édition.

 

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