Potager

Partir en guerre au potager!

Par le passé, l’homme n’a pas hésité à utiliser des animaux à des fins militaires. Des faucons équipés d’une petite caméra, des dauphins qui permettent de neutraliser des mines en milieu marin, des rats qui détectent des mines, le doryphore disséminé volontairement pour détruire les cultures de pommes de terre. Celui qui possède un potager, peut trouver, de façon tout à fait pacifique, des alliés qui lui permettent de se passer des biocides pour protéger les récoltes.

Celui qui a des arbres fruitiers ou qui veut cultiver certains légumes, devra s’assurer d’une pollinisation efficace des fleurs. Malgré la problématique actuelle autour du varroa et de la maladie virale, on constate un regain d’intérêt manifeste pour l’apiculture, en particulier dans les villes. Aussi étonnant que cela puisse paraître, les milieux urbains, avec leurs avenues arborées, leurs arbres d’alignement, leurs parcs et leurs jardins semblent offrir une plus grande biodiversité que les campagnes marquées par la monoculture. Ceci dit, il n’est pas donné à tout le monde d’installer une ruche dans son jardin, sans avoir l’expérience nécessaire. Fort heureusement, les jardins de ville s’avèrent le plus souvent accueillants pour les abeilles et guêpes solitaires. Quelques petits aménagements suffisent à rendre son jardin encore plus propice encore.

Garantir un abri
L’aménagement ou la sauvegarde des prairies à fleurs, des bosquets et des lisières est important. Un autre aménagement facile à faire est d’empiler quelques briques l’une sur l’autre, de laisser traîner de vieux pots de fleurs ou de suspendre un hôtel à abeilles. De même, forer des trous dans un tronc d’arbre mort peut également fournir un abri aux abeilles solitaires. Dans le jardin, la guêpe solitaire, même si elle peut se montrer dérangeante, est un précieux auxiliaire en ce sens qu’elle consomme des chenilles. On peut se procurer cet insecte dans le commerce sous la forme de plaquettes à suspendre dans les branches ou dans une serre.

Engager les troupes d’assaut
Parfois un jardinier n’a d’autre choix que d’enfiler son uniforme de maréchal et de partir en guerre lorsque les tactiques habituelles se révèlent inopérantes. Dans ce cas, il faut engager les forces spéciales ou les bataillons d’assaut. Une des armes mise à la disposition du jardinier, ce sont les nématodes, ces petits vers à peine visibles à l’œil nu. On peut se les procurer dans le commerce. Ces nématodes servent à combattre différents coléoptères ravageurs, dont les charançons. Il suffit de disséminer ces nématodes pour qu’ils fassent leur travail en pourchassant leur ennemi naturel.

Pucerons

 

La nature est régie par la loi d’airain «manger et être mangé ». Si les pucerons se combattent par du poison ou par le lisier d’orties, il y a une voie plus facile en faisant appel à la coccinelle dont les larves consomment les pucerons à la chaîne. Cette technique de la lutte intégrée donne d’excellents résultats en serre notamment. Pour autant, il faut être vigilant et recourir uniquement à notre coccinelle indigène et non à des espèces exotiques qui n’ont pas leur place chez nous.

 

Un autre ennemi naturel des pucerons: la chrysope verte, parfois appelée demoiselle au yeux d’or. La larve de la chrysope est l’ennemi de certains insectes, dont les pucerons. Un autre auxiliaire du jardinier, Amblyseius cucumeris, est un prédateur efficace du thrips notamment ainsi que d’autres insectes nuisibles.

 

On peut également compter sur la capacité de prédation du perce-oreille ou forficule. Omnivore, cet animal raffole d’œufs d’insectes, de larves et de pucerons. Les perce-oreilles vivent en groupe, parfois nombreux, dans un endroit sombre, humide et abrité. On peut aider le perce-oreille à se multiplier en prenant un petit pot de fleurs rempli de rameaux et de paille. On le suspend à l’envers dans un buisson ou on le fixe sur un pieu à proximité d’un arbre fruitier. Après quelques jours, on verra les forficules sortir de leur abri en quête de provende.

 

Biotope enrichi

Si la lutte intégrée peut rendre de précieux services au jardin, il faut que les conditions naturelles d’accueil du biotope soient bonnes. Pour cela, il faut privilégier une succession ou un maillage de végétation rampante, de hautes herbes, de buissons et d’arbres. Autrement dit, un gazon abritant ici et là un arbre isolé ne constitue pas un habitat équilibré. Le feuilles mortes, il faut les laisser en place là où elles ne sont pas trop gênantes car elles permettent à différentes espèces d’insectes utiles de passer l’hiver sans encombres. De même, il ne faut pas hésiter à laisser en place un arbre mort pour que les pics puissent s’en donner à cœur joie. Les trous qu’ils font dans les arbres serviront d’abri à de nombreux insectes. Si vous possédez une pièce d’eau, ne coupez pas les plantes (la salicaire commune par exemple) en fin de cycle végétatif. Plutôt que d’évacuer le bois de taille et d’élagage vers le parc à conteneurs, entassez-le dans un coin de votre jardin.

 

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