Un jardin de caractère

Entouré d’un écrin de verdure, le jardin de Carine conjugue à la fois rigueur et spontanéité. Dans la lumière rasante de l’automne, les arbres, buissons, graminées et plantes vivaces donnent à ce jardin des couleurs douces et éclatantes.

La poignée de main est franche et accueillante. Carine Bia-Lagrange est une femme de caractère, extravertie et joviale. Echevine de la commune de Lasne depuis 8 ans, elle s’est lancée dans la politique avec enthousiasme et probablement beaucoup de  candeur afin d’améliorer la vie des gens de son village et de sa province. «En 1988, après un mariage, trois enfants et une vie passée à l’étranger, en Afrique et aux USA, je suis revenue habiter dans le village de mon enfance. J’ai été émerveillée par la chance que j’avais de vivre dans un environnement aussi privilégié. Cependant, bien des choses me semblaient heurtantes et dérangeantes. Il m’a alors semblé qu’un engagement serait peut être le moyen le plus efficace pour faire avancer ce qui était à ma portée, sur une voie plus harmonieuse, plus juste, respectueuse des personnes et de l’environnement.»

Une maison en bois
Nous sommes en pleine campagne et pourtant si près de la capitale. Installée dans une ancienne prairie, la maison de Carine et Vincent est entourée par une couronne de feuillage. C’est une belle maison contemporaine construite en bois mais recouverte d’un parement de brique pour répondre aux exigences urbanistiques de la commune à cette époque. «Nous avons eu la chance de pouvoir construire la maison sur des terres appartenant à la famille de Vincent. Malheureusement, afin de respecter le plan de secteur, nous avons dû l’installer en bordure de la route. Une aberration qui fait qu’aujourd’hui toutes les maisons s’alignent le long des voiries et qu’il n’y a moins d’ouvertures sur le paysage.»

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Le jardin s’étend sur près d’un demi hectare, exposé sud-ouest et ouvert à l’arrière sur une prairie et des bois. Il s’est fait petit à petit, avec l’aide de différents paysagistes. Mais les projets ne correspondaient pas vraiment aux aspirations de Carine et Vincent. Il faut dire que Carine a travaillé comme architecte de jardin et qu’elle avait bien ses idées. «Ma grand mère était une jardinière chevronnée et ma mère avait un réel amour des plantes et des fleurs. C’est quand j’ai eu mon premier jardin à Kinshasa que je me suis lancée. J’ai ensuite travaillé pendant quelques années comme créatrice de jardin. Je pense qu’un jardin doit être en harmonie avec la maison et l’environnement et qu’il doit être agréable à regarder de la maison.»

Des formes courbes et enveloppantes
Pour préserver un peu d’intimité et se protéger du vent d’ouest qui balayait la prairie, Carine et Vincent ont planté près d’une centaine d’arbres et de buissons regroupés en massifs aux formes sinueuses. Un écrin de verdure qui, 25 ans plus tard, devient presque envahissant. «On plante toujours trop et trop serré. Nous avons du couper quelques arbres et chaque année, on doit tailler sévèrement les arbustes.» Côté rue, le jardin est très dense, avec quelques arbres fruitiers et des buissons taillés en boule. A l’arrière, les larges baies vitrées de la maison s’ouvrent sur un paysage lumineux. La terrasse recouverte d’un bois d’Ipé est ombragée par deux catalpas. Quelques boules de buis et de lavande, des bouquets de graminées et, de part et d’autre de la pelouse ensoleillée, des massifs d’arbustes et de vivaces aux formes ondulantes. Près de la maison, la terre lourde et argileuse plaît aux rosiers et aux pivoines. Dans le fond du jardin, vers le bois, le terrain devient sablo-limoneux et plus léger et acide.

«Vincent a un excellent sens des volumes, des distances et des perspectives. Dans le sous-bois, il a planté des rhododendrons pour le printemps et des érables du Japon qui s’embrasent en automne.» Une vaste pelouse constitue l’essentiel du décor. «Comme nous travaillons tous les deux et que nous n’avons pas beaucoup de temps pour nous occuper du jardin, nous avons installé une tondeuse robot pour couper le gazon. Elle nous étonne toujours par ses trajets qui nous semblent farfelus mais il faut avouer que le travail est parfait. Parfois, elle bloque sur le mobilier de jardin ou se perd dans les graminées, mais finalement, elle s’en sort toujours.»

Place aux buissons
«J’adore les rosiers mais j’en ai perdu beaucoup durant les derniers hivers. Les roses qui me plaisent le plus sont à fleurs simples où on voit les étamines comme les rosiers ‘Sally Homes’ et  ‘Sourire d’Orchidée’. Contre la terrasse couverte, on a installé ‘Maigold’ car il fleurit très tôt.». Dans les massifs, les roses se mélangent volontiers aux arbustes. «Les viornes poussent très bien ici. J’en ai plusieurs variétés. Le plus facile à vivre est le Viburnum plicatum ‘Watanabe’ car il ne prend pas trop de place et il a une jolie silhouette étagée. J’ai aussi des spirées arguta et ‘Grefsheim’ à fleurs blanches pour le printemps et ‘Antony Waterer’ à fleurs rouge pour l’été. Le Stephanandra est un buisson précieux car il pousse davantage en largeur qu’en hauteur et il supporte l’ombre. Ses rameaux retombants sont couverts d’un feuillage découpé qui prend une jolie teinte en automne. C’est un excellent couvre-sol. Je suis parfois tentée par des buissons un peu plus fragiles, comme les céanothus ou les cistes, mais je sais que je risque de les perdre lors des hivers plus rudes.»

Graminées, asters et cie
Les graminées se mêlent aux asters qui se ressèment partout. «J’ai découvert une ravissante plante vivace, le Gillenia trifoliata, qui forme comme un petit buisson couvert en été de fleurs blanches étoilées. J’aime les plantes qui viennent toutes seules et qui s’installent dans le jardin comme les euphorbes ou les épilobes. Mais certaines ont tendance à prendre le dessus et il faut alors savoir les éliminer. Depuis quelques années, je soigne le jardin avec des méthodes douces. Plus de bêchage ni de pulvérisation de produits toxiques. Pour éliminer les mauvaises herbes, j’utilise un chalumeau qui les brûle. C’est long comme travail mais efficace. Il y quelques limaces qui dévorent les delphiniums et les hostas, mais c’est la nature. Par contre, le buissons attirent une foule d’oiseaux. Et l’année prochaine, on installera des ruches dans le fond du jardin.» Le jardin de Carine et Vincent se découvre dans le cadre de «Lasne au fil des jardins» qui soutient des associations caritatives ou humanitaires. www.lasne.be et www.carinebialagrange.be.

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